Par AFP
La Première ministre de Thaïlande Yingluck Shinawatra a pris en charge dimanche le portefeuille de la Défense, devenant la première femme de ce pays à accéder à ces fonctions, au terme d’un remaniement ministériel qui consolide sa position face à une armée très puissante.
Mme Yingluck, qui est déjà devenue en 2011 la première femme à diriger le gouvernement dans l’histoire du royaume, entre dans le Conseil de la défense qui devra organiser d’ici à octobre le remaniement annuel de la hiérarchie militaire.
Un symbole de taille pour celle dont le frère Thaksin Shinawatra, aujourd’hui en exil, a été chassé du pouvoir par les militaires en 2006. Mais le doute demeure quant à l’éventualité que l’actuel chef de l’armée, le très puissant Prayut Chan-O-Cha, conserve ses fonctions à l’automne.
Yuthasak Sasiprapha, nommé ministre adjoint de la Défense, a estimé peu avant l’annonce du remaniement que la nomination de Mme Yingluck ne provoquerait pas de remous. «Elle peut le faire, elle peut travailler avec l’armée», a-t-il assuré aux journalistes.
L’armée est omniprésente en Thaïlande, où elle a multiplié les coups d’Etat dont le dernier, contre Thaksin Shinawatra, a plongé ce pays dans une grande instabilité politique.
Sa mission officielle est de protéger la monarchie, mais elle est aussi largement considérée comme protectrice des intérêts des élites de la capitale Bangkok.
Dotée d’un très important budget, elle combat dans le sud une rébellion séparatiste qui a fait plus de 5.700 morts en une décennie.
En 2010, les militaires étaient intervenus au bout de deux mois de violentes manifestations pour chasser du centre de Bangkok les «chemises rouges», les partisans de M. Thaksin, qui visaient le gouvernement Démocrate de l’époque.
La crise, la plus grave qu’ait connue la Thaïlande moderne, avait fait 90 morts et plus de 1.900 blessés.
Et si le Premier ministre de l’époque Abhisit Vejjajiva et son adjoint ont été inculpés d’homicides, aucun officier de l’armée n’a jamais été mis en cause.
Les relations entre les militaires et le gouvernement de Mme Yingluck, en poste depuis deux ans, ont été plutôt tendues au départ mais elles se sont semble-t-il pacifiées.
Samedi, le quotidien anglophone Bangkok Post relevait que le remaniement permettrait à Mme Yingluck, souvent décrite comme une marionnette de son frère, de renforcer «son emprise sur le pouvoir», en particulier au sein de son parti, le Puea Thai. Il décrivait par ailleurs ses «relations solides comme le roc» avec les officiers ayant les grades les plus élevés dans l’armée.
Le remaniement a par ailleurs coûté son poste au Vice-Premier ministre Chalerm Yubamrung, connu pour ses déclarations fracassantes et volontiers provocantes, ainsi que pour ses liens étroits avec M. Thaksin. Il a hérité du portefeuille du Travail.
Le ministre du Commerce Boonsong Teriyapirom a pour sa part quitté le gouvernement, après le scandale provoqué par la politique du gouvernement consistant à acheter directement le riz aux agriculteurs du royaume à un prix très au-dessus de celui du marché.
Une subvention destinée à soigner la base électorale de la majorité gouvernementale, mais qui a fait perdre à la Thaïlande sa place de premier exportateur mondial de riz.
source : http://www.liberation.fr/monde/2013/06/30/thailande-la-premiere-ministre-prend-le-ministere-de-la-defense_914789