CRISE POLITIQUE – Lundi, nouveau rassemblement de la dernière chance
Après la trêve instaurée pour l'anniversaire du roi de Thaïlande, l'opposition, qui cherche en vain depuis plusieurs semaines à semer le chaos dans le pays pour obtenir la chute du gouvernement, revient avec un énième ultimatum fixé à lundi. Sûres de pouvoir une fois de plus contenir sans heurts les manifestants, les autorités ont de nouveau érigé des barricades dans les rues de Bangkok tandis que le Parti Démocrate prédit des mouvements violents
Les autorités thaïlandaises ont annoncé samedi le retour des barricades dans les rues de Bangkok. Elles précèdent des manifestants attendus en masse lundi pour une ultime tentative de faire tomber le gouvernement, après plus d'un mois de protestations.
Les manifestants ont fait une pause depuis quelques jours, pour l'anniversaire du roi, personnage vénéré en Thaïlande. Le mouvement avait réussi, au plus fort de la protestation, à rassembler quelque 180.000 personnes, mais le nombre de participants s'est depuis très largement réduit.
Suthep Thaugsuban, le meneur des manifestants, a appelé vendredi soir à un dernier grand rassemblement lundi "à 09h39", pour le "jour du jugement". "Ce jour sera le jour où nous saurons", avait-il déclaré. "Mort ou vivant, gagnant ou perdant, nous le saurons lundi 9 décembre", avait ajouté celui qui veut remplacer le gouvernement de la Première ministre Yingluck Shinawatra par un "conseil du peuple" non élu.
Le Parti Démocrate craint une confrontation violente
Lundi matin, des groupes de manifestants devraient ainsi converger depuis une dizaine de sites vers le siège du gouvernement.
Le principal parti d’opposition, instigateur de ce mouvement de protestation qui a jusqu’ici envahi plusieurs bâtiments officiels, appelé à la désobéissance civile et provoqué de violents affrontement qui ont fait 5 morts, a averti que le rassemblement de lundi risquait de dégénérer, suggérant que la police serait forcée de recourir à la violence. Jusqu’ici, les autorités ont pourtant fait preuve d’une certaine retenue d’ailleurs plébiscitée par plusieurs pays dont l’Unions Européenne, recourant à des moyens jugés conventionnels de maintien de l’ordre. Une attitude en fort contraste avec celle des autorités en 2009 et 2010 qui avaient envoyé des militaires en armes pour disperser le rassemblement des "Chemises rouges". Les principaux responsables aux affaires à l’époque étaient le Premier ministre d’alors, Abhisit Vejjajiva, et son vice-Premier ministre, un certain Suthep Thaugsuban.
Le Centre des opérations de maintien de l’ordre (CAPO) a par ailleurs invité les diplomates, la presse locale et internationale, ainsi que les ONG à observer le dispositif de contrôle de la manifestation sous sa supervision. Une décision aussitôt critiquée par le Parti Démocrate qui a insisté sur le fait que la manifestation risquait de basculer dans la violence et mettre en danger les observateurs. L'ambassade de France a, dans un message e-mail envoyé aux Français inscrits sur les listes consulaires, "formellement recommandé d'éviter tout rassemblement ou manifestation", lundi.
Les autorités confiantes
Néanmoins, la police a affiché sa confiance dans sa capacité à contenir le mouvement sa recourir à la violence. "La police va ériger des barricades, notamment autour du siège du gouvernement et du parlement", a déclaré le chef du Conseil de sécurité nationale, Paradorn Pattanatabut. "J'ai confiance dans le fait qu'il n'y aura pas d'incident violent lundi", a-t-il ajouté, précisant que des milliers de policiers seraient néanmoins mobilisés.
Le porte-parole du CAPO, le général Piya Uthayo, a fait savoir que les autorités tenteraient de mener des négociations avec les manifestants lundi afin d’éviter toute effusion de violence contre les biens ou les personnes.
Les démocrates refusent de régler le conflit par les urnes
Afin d’apaiser le climat, la Première ministre, Yingluck Shinawatra, a renouvelé dimanche sa proposition de convoquer des élections anticipées. Elle a cependant posé comme condition que l’opposition accepte le résultat du suffrage. Le principal parti d'opposition, le Parti Démocrate, n’a pas gagné d’élection nationale depuis 20 ans et n’apparait pas davantage en position de force aujourd’hui face à la sanction des urnes.
En réponse à l’offre de la Première ministre d’un règlement démocratique du conflit, le Parti Démocrate, a annoncé que tous ses députés allaient démissionner pour pouvoir se joindre à la manifestation. Le porte-parole du Parti démocrate Chavanond Intarakomalyasut a indiqué à l'AFP que les élus démissionneraient formellement "aussi vite que possible". "Les députés du Parti démocrate ont voté aujourd'hui à l'unanimité pour démissionner du Parlement", a précisé l'un d'entre eux, Sirichok Sopha. "Nous estimons que ce parlement n'a pas de légitimité", a-t-il justifié.
Les manifestants, qui accusent Yingluck d'être la marionnette de son frère Thaksin, ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat en 2006 et qui reste au cœur de la politique du royaume malgré son exil, veulent également se débarrasser de ce qu'ils appellent le "système Thaksin".
Leur mouvement commencé il y a un mois avait pris de l'ampleur la semaine dernière avec l'occupation de plusieurs ministères et administrations. Il avait encore franchi un cap il y a quelques jours avec la tentative de prendre le siège du gouvernement.
Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 8 décembre 2013
La police fait le jour sur les affrontements entre manifestants qui on fait 5 morts
Le bilan des troubles politique fait pour l’heure état de 5 morts et quelques dizaines de blessés, les cinq victimes ayant été tuées lors d’affrontements entre manifestants pro et anti gouvernement aux abords du Stade Rajamangala.
Selon le Bangkok Post, qui rapportait dimanche les résultats de l’enquête de police sur cet épisode violent démarré le samedi 30 novembre devant l’université Ramkhamheng, les autorités ont répertorié 19 incidents violents sur le secteur entre le samedi et le dimanche qui ont fait 5 morts. Le rapport d’enquête conclut qu’un groupe d’étudiants anti-gouvernement s’était rassemblé le samedi soir devant l’université proche du stade vers lequel plusieurs milliers de supporters du gouvernement, les "Chemises rouges", s’étaient dirigés durant la journée pour une manifestation de soutien à la Première ministre.
Lorsqu’un taxi et un bus remplis de "Chemises rouges" sont passés à proximité des manifestants anti-gouvernement vers 20h, ces derniers les ont assaillis provoquant le début d’une confrontation violente qui devait durer jusqu’au lendemain. Au total, quatre personnes ont été tuées par balles durant la nuit du samedi au dimanche et un cinquième homme a péri dimanche matin dans l’incendie d’un bus auquel il avait pris part avec des manifestants anti-gouvernement. La police a dit avoir retrouvé 34 douilles de pistolet provenant de 7 armes différentes, soulignant que des munitions avaient été découvertes dans l’enceinte du stade.
source : http://www.lepetitjournal.com/bangkok/