Les pays du Sud-Est asiatique ont appelé dimanche à une "résolution pacifique" de la crise politique en Thaïlande, où la tension monte après la destitution par la Cour constitutionnelle de la Première ministre Yingluck Shinawatra.
Les dirigeants des dix pays membres de l'Association des Nations d'Asie du sud-est (Asean) étaient réunis dimanche pour un sommet historique en Birmanie, symbole du retour de l'Etat paria sur la scène internationale, dans un contexte de tensions entre la Chine et ses voisins en mer de Chine méridionale.
Ils se sont retrouvés samedi dans la capitale Naypyidaw pour un sommet de deux jours, défi d'organisation pour la Birmanie qui assure la présidence tournante de l'Asean.
Dans un communiqué, les ministres des Affaires étrangères des pays de l'Asean ont indiqué qu'ils suivaient de près la situation en Thaïlande. Des milliers de manifestants pro-gouvernementaux sont descendus dans les rues à Bangkok pour mettre en garde les partisans de l'opposition contre une "guerre civile" en cas de chute du gouvernement intérimaire, après le limogeage de la Première ministre.
L'Asean se prononce pour "une résolution pacifique" de la crise en Thaïlande "grâce au dialogue dans le respect total des principes démocratiques et de l'Etat de droit".
Les ministres ont mis l'accent sur la nécessité de "promouvoir la réconciliation nationale et le retour à la normalité en Thaïlande, en accord avec la volonté et les intérêts du peuple".
Ce sommet intervient aussi quelques jours après que le Vietnam et les Philippines eurent montré leurs dents face à la Chine dont les velléités territoriales suscitent l'inquiétude en Asie comme à Washington.
Mercredi, Hanoï a ainsi accusé des bateaux chinois, protégeant des installations de forage pétrolier dans des eaux disputées, d'avoir attaqué ses navires.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Asean ont exprimé leurs "graves inquiétudes à propos des développements en cours" dans un communiqué conjoint publié samedi.
"La mer de Chine méridionale reste une épreuve pour l'Asean", a reconnu le chef de la diplomatie indonésienne, Marty Natalegawa.
Les tensions ont augmenté cette semaine après que Pékin eut redéployé une plate-forme en eau profonde dans une zone également revendiquée par Hanoï. Plusieurs incidents ont mis aux prises des navires vietnamiens et chinois depuis, les deux pays communistes s'en renvoyant la responsabilité.
Hanoï et Pékin se disputent notamment les archipels des Paracels et des Spratleys.
Dimanche, un millier de personnes ont manifesté devant l'ambassade de Chine à Hanoï, sans l'intervention -- fait rare -- des forces de l'ordre. D'autres rassemblements ont eu lieu à Danang (centre) et à Ho Chi Minh-Ville (sud, ex-Saïgon).
Pékin a répété sa position selon laquelle la Chine jouit d'une souveraineté inaliénable sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale.
Situés au coeur de routes maritimes internationales, les fonds des Paracels et des Spratleys sont supposés être riches en hydrocarbures.
Les Philippines ont également des différends territoriaux maritimes avec Pékin.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé vendredi la Chine et le Vietnam à faire preuve de "la plus grande retenue" et de régler leur différend "de manière pacifique par le dialogue.
Le sultanat de Brunei et la Malaisie, membres de l'Asean, ainsi que Taïwan, ont également des prétentions dans la zone.
L'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) représente un marché de 600 millions d'habitants.
Les dossiers économiques seront à l'ordre du jour alors que l'organisation prévoit d'établir un marché économique commun, pour faire face à la Chine et à l'Inde.
Mais l'horizon initial de 2015 pour cette communauté économique semble ne pas pouvoir être tenu, de l'aveu même des diplomates.
AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) dimanche 11 mai 2014
Source : http://www.lepetitjournal.com/