Le gouvernement projette de remettre en cause le système de subventions mis en place pour soutenir la profession rizicole.
Celle-ci ne compte pas se laisser faire.
Il s’agit sans aucun doute d’une des mesures les plus controversées prise par le gouvernement de Yingluck Shinawatra. Afin de venir en aide aux producteurs de riz, il a mené depuis son accession au pouvoir en août 2011, une politique de soutien du prix du riz. L’opposition démocrate a tout de suite crié à la démagogie, estimant que Yingluck cherchait là à s’attirer les bonnes grâces des classes populaires, son socle électoral.
Mais d’autres effets pervers sont apparus très vite sur le plan économique. Le système mis en place permet au gouvernement d’acheter la céréale à un tarif 50% supérieur à celui du marché. Il en a résulté une hausse considérable des stocks de riz, les riziculteurs cherchant à produire en grande quantité afin de bénéficier plus largement encore de ces avantageuses subventions. Le gouvernement a été incapable d’écouler une telle quantité de céréales (20 millions de tonnes stockées dans les entrepôts) sur le marché mondial, dans un contexte d’affaiblissement de la demande.
Vu son prix d’achat, le prix de vente du riz thaïlandais n’était également plus compétitif notamment face à celui pratiqué par ses concurrents indien ou vietnamien. Conséquence spectaculaire : début janvier 2013, la Thaïlande a perdu sa place de 1er exportateur mondial de riz qu’elle détenait depuis 30 ans. Elle n’a pu vendre en 2012 qu’un peu moins de 7 millions de tonnes. Le Vietnam (7,5 millions de tonnes) et l’Inde (10 millions) lui sont passés devant.
Ce programme, tant décrié sur le plan économique, est par contre très apprécié des riziculteurs thaïlandais. Aussi n’ont-ils que très peu apprécié d’apprendre la semaine dernière de la bouche d’un secrétaire d’État au commerce que le gouvernement envisageait de baisser son prix d’achat de 15.000 bahts la tonne à 13.000 bahts. Leur réaction ne s’est pas faite attendre.
Dans le Bangkok Post du 1er mars, des représentants de la profession ont menacé les pouvoirs publics d’une manifestation monstre, si le gouvernement passait à l’action. Lundi 4 mars, le secrétaire d’État par lequel la polémique avait été lancée a déclaré que le gouvernement n’avait pas l’intention de changer quoi que ce soit. Ce recul n’est peut-être qu’une temporisation pour laisser retomber la pression. Un ajustement aux réalités économiques semble en effet plus que nécessaire. Reste à savoir si les riziculteurs, qui ont déjà fait part à Yingluck de leur opposition à toute baisse du prix d’achat de la céréale, laisseront tuer leur “poule aux œufs d’or”.
source : (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 6 mars 2013