La figure de proue d’un mouvement local luttant contre des décharges sauvages de déchets toxiques a été abattue cette semaine en plein jour selon le scénario bien rodé d’un de ces contrats professionnels qui visent souvent les membres de la société civile thaïlandaise engagés dans la défense de leur cadre de vie.
Prajob Nao opas patientait chez un mécanicien en bordure de la route reliant Phanom Sarakham à Bang Sang dans la province de Chachoengsao à l’est de Bangkok quand une berline noire s’est avancée. L’un des deux occupants a dégainé un pistolet semi-automatique 11 mm pour tirer à quatre reprises sur le chef du village de Nong Hae qui devait décéder lors de son transfert à l’hôpital. Prajob se savait menacé et avait récemment acquis deux armes de poing pour se protéger. Les villageois sont d’autant plus convaincus que son exécution est marquée du sceau de la vengeance et de l’intimidation que son engagement avait porté ses fruits. L’année dernière, une société privée de recyclage avait acquis une mare abandonnée pour y enfouir des déchets issus de la zone industrielle Amata dans la province de Chonburi. 3.000 villageois avaient alors manifesté pour inciter l’Agence nationale du contrôle de la pollution et le DSI, homologue thaïlandais du FBI, à enquêter.
Trop c’est trop pour les habitants, car la province de Chachoengsao abrite pas moins de onze décharges de déchets toxiques. Or des analyses officielles ont démontré que des substances cancérigènes contaminent les plans d’eau alimentant la population. Les autorités locales ont donc fini par concocter un plan aussitôt contesté par les pollueurs qui privilégient l’ajout de nouveaux produits chimiques pour éliminer les mauvaises odeurs et traiter l’eau contaminée. À ce jour certaines décharges ont été bannies tandis que d’autres subsistent.
Mercredi 27 février, l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch a appelé le gouvernement thaïlandais à retrouver les responsables de cette exécution "quel que soit leur statut ou affiliation politique". Depuis 1995 près de 30 Thaïlandais courageux ont payé le prix ultime pour avoir bravé les intérêts puissants qui menaçaient leur cadre de vie. L’éditorialiste Veera Prateepchaikul rappelle quelques cas marquants comme celui de Samnao Srisongkram qui protestait contre la pollution de la rivière Nam Pong par des industries de la province de Khon Kaen.
source : (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) jeudi 28 février 2013