Haro sur les crevettes thaïlandaises
Leader mondial sur le marché de l’exportation l’industrie de la crevette géante thaïlandaise est de plus en plus critiquée pour des méthodes dévastatrices pour l’environnement et des conditions de travail qui confinent à l’esclavagisme.
La chaine britannique Channel 4 a diffusé le mois dernier une émission dénonçant l’industrie thaïlandaise de la crevette.
Soutenu par des célébrités comme l'acteur Stephen Fry ou le groupe de rock Coldplay son animateur vedette Hugh Fearnley-Whittingstall s’en prend à un secteur phare de l’économie thaïlandaise puisque le royaume est le premier exportateur au monde avec des ventes annuelles générant annuellement entre 2 et 3 milliards d’euros.
Cette stature l’expose à un feu croisé de critiques qui s’intensifie. Dans le contexte d’une prise de conscience des consommateurs, l’importateur nord-américain Mazzeta avait ainsi suspendu ses commandes avec son fournisseur thaïlandais en septembre 2012.
Le branle-bas de combat médiatique repose notamment sur la remarquable enquête menée par Jim Wickens qui n’a pas hésité à se jeter littéralement à l’eau pour forcer des chalutiers thaïlandais à le recueillir.
"À bord de bateaux où ils sont battus et même assassinés par des capitaines sans scrupules j’ai découvert des ouvriers birmans et cambodgiens contraints de travailler 20 heures par jour, 7 jours sur sept ", écrit le journaliste d’investigation dans le Mail Online. Ces hommes sont corvéables à merci pour traiter le produit d’une pêche destinée à nourrir les crevettes géantes d’élevage et stockée pendant des jours dans une chaleur torride sans aucune réfrigération.
Petits poissons, crabes, étoiles de mer constituent cette pêche de rebut arrachée à la mer par l’une des méthodes de pêche les plus destructrices : le chalutage de fond. Une fois transformée en granules, cette farine de poisson est livrée aux bassins d’élevage de crevettes géantes qui ont proliféré depuis 30 ans sur les côtes du Golfe de Thaïlande au point de décimer les zones de mangrove essentielles à la reproduction des poissons. En rappelant que la Thaïlande dispose d’une réglementation vouée à protéger ses zones côtières et réserves marines, Jim Wickens souligne que les contrôles sont rares tandis que les flottilles de pêche sont lancées sans merci dans une quête du profit à court terme. Pour le moment, les responsables de l'industrie de la crevette thaïlandaise n'ont pas réagi à cette salve de critiques.
source : http://www.lepetitjournal.com/bangkok
mercredi 20 mars 2013