FÊTE DU TRAVAIL — Vers la fin des salaires ridiculement bas
Sur fond d’une hausse du niveau de vie générale en Asie, le syndicalisme thaïlandais reste le parent pauvre de la sphère politique.
La Fête du Travail ne compte pas parmi les principaux jours fériés observés en Thaïlande. Pour autant de nombreuses agences bancaires ferment leurs portes aujourd’hui tandis les agents du service public seront à leur poste. Le ministère du Travail consacre un modeste budget de 6 millions de bahts (156.000€) à l’organisation de commémorations à travers le pays. À Bangkok certains choisiront de participer dans la matinée aux offrandes bouddhistes au pied de la statue équestre du Roi Chulalongkorn, sur Royal Plaza, tandis que Sanam Luang accueillera des activités diverses dans l’après-midi. Le quartier s’annonce comme le cœur névralgique de la journée dans la capitale puisqu’une manifestation est organisée par le mouvement Labour Workers in Thailand à 8 heures du matin devant la statue du roi Rama V pour demander la libération du journaliste Somyot Prueaksakasemsuk détenu depuis déjà deux ans ainsi que de tous les prisonniers politiques.
L'Asie rehausse ses salaires
Soumis depuis un siècle à de fortes pressions politiques, les syndicats thaïlandais peinent à se structurer. Et même si la loi autorise tous les employés du secteur privé à s’organiser, elle ne les protège pas totalement dans le cadre de ces activités. Couverture maladie généralisée, hausse du salaire minimum: les récentes avancées sociales ont été accordées par le pouvoir politique et décriées comme des mesures populistes par les adversaires du gouvernement. Pour autant la hausse des salaires participe d’un mouvement général en Asie. Tandis que la Thaïlande portait en janvier le salaire minimum journalier à 300 bahts (8€), la Malaisie s’est prononcée pour un salaire minimum mensuel de 229€ et l’Indonésie a décidé d’une augmentation de 40% dans sa capitale Jakarta où les salariés perçoivent théoriquement un minimum mensuel de 173€. Au cours de la décade écoulée, les salaires moyens indexés sur l’inflation ont quasiment doublé en Asie selon l’Organisation internationale du travail (OIT). "Ce n’est certainement pas la fin du travail bon marché, mais ce pourrait être la fin du travail ridiculement pas cher", commente Malte Luebker spécialiste des questions salariales au bureau de l’OIT à Bangkok.
E.D. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mercredi 1er mai 2013